Malgré l'été juste entamé, un air froid tourbillonnant balaye nos rangs. Une ombre noire, imposante, efface toutes les couleurs de mon paysage. J'ai peur. Ma sève se fige. Les premières grosses gouttes claquent comme des gifles. Au premier impact d'un grêlon, je ressens le même étonnement, la même incompréhension que ce jeune lièvre fauché par une volée de plomb qui était venu mourir à mon pied.
Le cheval me frôle, il tire l'outil lentement, attentif à la moindre résistance de la dent de fer qui mord la terre en faisant crisser la pierraille.
Où est ce que je vais ? Je me sens partir pour un long voyage. Une chaleur nouvelle m'irradie de l'intérieur. Je redonne l'énergie du soleil que je portais en secret, je me délie, je me lie à nouveau. J'étais seul, je suis un milliard d'étoiles fondues ensemble.